HYDRO-DIPLOMATIE
L’eau dans les relations inter-étatiques au Proche-Orient


Contexte hydrique du Proche-Orient

Les 8 pays disposant des plus faibles ressources en eau douce disponible par habitant se trouvent tous dans la même région: le Proche-Orient. Parmi ces pays, il y a Israël, la Jordanie, les Territoires Palestiniens, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis.

D’autres pays de la région ont des ressources plus abondantes, par exemple le Liban, la Syrie (dans sa partie Nord-Est en particulier), et l’Égypte disposent de quantité d’eau bien plus importante.

Ce contexte hydrique, malgré un contexte politique complexe, permet dans certains cas d’ouvrir un dialogue afin de résoudre un problème bien concret.

L’eau, source de dialogue

En plus des solutions technologiques pour créer de l'eau douce, la meilleure façon de résoudre la crise de l’eau est de coopérer entre états, afin d’accroitre et d’optimiser la gestion de l’eau disponible.

Le volet Eau est donc un obstacle à la guerre, car fiabiliser la ressource nécessite une confiance réciproque. Ceci a largement été démontré à de nombreuses reprises, avec pour exemples dans le Proche-Orient, le Traité de paix Israël/Jordanie signé en 1994 (1), scrupuleusement respecté par les deux parties depuis deux décennies. Cet accord stipule, entre autre, qu’Israël transfère une quantité de 54 millions de m3 par an au Royaume de Jordanie.


De manière plus éclatante encore, la récente signature en Décembre 2013, de l'accord tri-partite entre Jordaniens, Israéliens et Palestiniens (2) montre la confiance profonde établie, surtout entre Jordanie et Israël. Cet accord prévoit, notamment:

  • - La création d'une usine de dessalement en Jordanie sur la frontière israélienne en bord de Mer Rouge, le transfert des saumures vers la Mer Morte,
  • - Des échanges d'eau douce de la Jordanie vers Israel (dans le Sud), d’Israël vers la Jordanie (dans le Nord) et d’Israël vers les Territoires Palestiniens.

Autre exemple, les accords intérimaires dits d’Oslo II signés en 1995 entre Palestiniens et Israéliens (3).

Cet accord aussi est dans sa grande majorité respecté par les parties, avec un dialogue et des échanges toujours soutenus, riches et constructifs, y compris lors des tensions politiques (intifada el-aqsa de 2000-2001, etc). Cet hydro-dialogue a été systématisé dès le début par la création d'un Comité de l'Eau Partagée (Joint Water Committee), également défini dans l'accord d'Oslo II.


Dernier exemple, entre Israël et le territoire palestinien autonome de la Bande de Gaza dirigée par le mouvement terroriste du Hamas (4). Alors que les tensions sont fortes entre ces entités, Israël délivre en permanence un flux de 5 millions de m3 par an d’eau d’excellente qualité vers Gaza. Cette fourniture a toujours été maintenue, y compris lors de la guerre de Janvier 2009. Cette eau permet aux Gazaouis de disposer d’une eau potable de bonne qualité, alors que l’eau produite localement, pompée dans l’aquifère situé sous la bande de Gaza pose des problèmes importants pour la santé, du à son taux en minéraux en constante augmentation.



Rony Sarfatti, Décembre 2013

Références:
  1. (1) L'article 6 et l'Annexe 2 du Traité de Paix Israël/Jordanie d'Octobre 1994 concernent l'Eau: Traité de Paix; Annexe 2 au traité
  2. (2) Accord Israel/Jordanie/T.Palestinien sur l'Eau de décembre 2013
  3. (3) Accord intérimaire israélo-palestinien du 28 Septembre 1995
  4. (4) Le Hamas est reconnu mouvement terroriste par l'Union Européenne: conseil de l'UE du 26/01/09

Signature de la paix entre Israel et la Jordanie, 1994